fringale nocturne · pnj

Les pas sont rapides et discrets ; tu comprends tout de suite que ce n'est pas Tauro qui approche, mais ta supposition te surprend un peu. Est-ce que Zelda, qui viendrait quémander ta cuisine ? Ou alors viendrait-elle s'enquérir de ton avis sur quelque question qui la travaille ? La jeune princesse a pris l'habitude de te parler de tout et de rien, un peu comme un confident, ou en tous cas un ami proche. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle te couvre d'affection comme elle le fait depuis que vous vous êtes rencontrés, mais tu supposes aussi qu'elle apprécie pouvoir discuter avec quelqu'un, à nouveau. Tes suppositions se confirment quand la silhouette menue de la jeune femme se révèle à toi. Elle t'adresse un sourire timide, et ses mains se tiennent l'une et l'autre, elle triture ses doigts.

Bonsoir, elle te salue d'un mouvement rapide des mains, sa main rejoignant sa bouche avant de se poser sur le plat de la deuxième. Comment allez-vous ?

Ses yeux brillent de la même lueur que d'habitude, une lueur emplie de sagesse et de soulagement constant, que tu n'as pas pu t'empêcher de remarquer. Mais cette fois-ci, tu sens son regard quelque peu obscurci, peut-être par les doutes. Cela dit, tu espères tout de même qu'elle vienne te voir à cause de la faim.

Tu sais d'expérience que la princesse a bien des doutes, des peurs, beaucoup de choses peu agréables résident dans cette tête bien faite. Tu sais aussi d'expérience que lorsqu'elle a une angoisse à propos de quelque chose, et que cela devient insoutenable, c'est à toi qu'elle vient en parler - toujours à demi-mots, les yeux détournés de toi, comme coupable de ne pas être la jeune femme si forte dépeinte par son peuple.

C'est au sujet de Link...

Ca ne t'étonne pas : le prodige est souvent au cœur des pensées de la jeune femme, pour une raison ou une autre. Quand tu cherches à en savoir plus, ses sourcils se froncent dans une mine inquiète, soucieuse, et elle pince les lèvres.

Cela fait quelques jours que je trouve qu'il mange peu, et je me demandais s'il vous en avait parlé.

L'appétit du jeune homme était aussi grand que le royaume d'Hyrule, mais tu avais réalisé ces derniers temps que le garçon rendait son assiette encore entamée. Après tout, tu étais quelqu'un d'attentif de façon générale, et encore plus lorsque cela concernait la cuisine. Quant à savoir si Link t'en avait touché deux mots...

Tu la sens s'inquiéter de plus belle, en réalité la pauvre jeune femme émane d'une inquiétude presque palpable. Tu peux presque entendre les questions qui se bousculent dans cette tête bien faite mais pourtant pétrie d'angoisses. Est-ce que Link va bien ? Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Est-ce qu'il est malade ?

Hm..., elle laisse échapper audiblement, la lèvre mordue par l'anxiété et la réflexion. Je trouverai un moment pour lui demander, finit-elle par signer avec détermination, quand bien même tu peux distinguer dans les jeux de lumières et d'ombres un léger tremblement dans ses mains.

Elle est terrorisée à l'idée qu'il lui arrive quelque chose, à l'idée qu'elle le perde pour toujours, tu le vois bien, et tu trouves la chose quelque peu exagérée. Après tout, Link pourrait juste avoir attrapé froid, cela arrive malgré les prouesses qu'il aurait pu faire par le passé... ! Tu l'observes se pétrir d'angoisse.

Elle t'écoute, en silence excepté quelques petits bruits comme si elle allait dire quelque chose avant de se raviser, les lèvres pincées d'embarras. Tu as raison, et elle le sait, mais elle s'inquiète, et elle a honte de s'inquiéter. Elle est certaine que Link saura se débrouiller tout seul, après tout quand il s'est réveillé il était seul, et il n'avait pas besoin de l'avoir elle sur son dos pour régler tous ses petits problèmes - encore moins des problèmes de perte d'appétit. Mais... Les yeux rivés sur le sol, elle soupire, vaincue. Elle finit par signer timidement.

Le curry à la volaille et aux champignons tempo..., tu ne relèves pas le fait qu'elle connaisse le plat préféré de Link, ni le fait que ça lui soit venu si rapidement, presque instinctivement. Merci de m'écouter, je n'aurais pas osé en parler à qui que ce soit d'autres... et puis, je n'ai pas envie de mettre Link dans l'embarras en allant le confronter directement, tu trouves qu'elle s'en fait beaucoup pour pas grand-chose, mais tu ne peux que compatir. Après tout, après tout ce qu'elle a traversé, ce qu'ils ont traversé, tu la comprends.

Elle relève finalement la tête pour t'adresser un petit sourire, un sourire un peu timide et un peu triste (comme beaucoup des sourires que la princesse esquisse), mais sincère.

Merci, Moineau.

Elle sourit en réponse à tes paroles, elle a même ri un peu pour accompagner ta blague, quand bien même tu sens que le coeur n'y est pas; morte d'inquiétude, et honteuse de s'inquiéter autant pour si peu, tout un torrent de sentiments et d'émotions hurle en elle.

Finalement, elle t'observe, surprise, quand tu lui tends la pastille - avant de sourire déjà bien plus sincèrement et de récupérer délicatement le bonbon dans ta main.

Merci, Moineau..., elle ne prend pas la peine de signer cette fois-ci, avant de porter le bonbon à sa bouche en silence.

Tu sens que ça boue, en elle. Et ce torrent de soucis remue, remue, remue, et finalement
Une larme coule, symbole unique de son désespoir - tu sais bien qu'elle ne laissera pas plus de larmes lui échapper... enfin, tu espères.

C'est que tu te retrouves à la regarder bêtement tandis qu'elle pleure en silence, laissant la sucrerie fondre sur sa langue. Un épais silence peut-être un peu gênant s'installe.