L'argent, c'est le nerf de la guerre, Pelote le sait très bien. C'est la différence entre dormir dans l'étable et devoir se lever avant que le soleil ne se lève entièrement, et dormir dans un vrai lit. C'est la différence entre manger des champignons grillés que l'on a trouvé au bord du chemin, et manger un vrai plat avec de vrais morceaux de viande.
Il sympathise facilement avec ceux qui sont en manque de rubis comme lui, il pense parfois à Saskass qui se retrouve à devoir faire des tâches qui ne lui plaisent pas vraiment ou ne lui correspondent pas simplement pour alourdir un peu sa bourse. Alors en entendant un jour parler de ce "malfrat" de l'AAA qui a "volé le relais", il comprend, au fond de lui.
Mais le propriétaire sous-entend que s'il récupère les 60 rubis dûs, ou s'il ramène le coupable, Pelote aurait peut être droit à un part de la somme en remerciement, ou au moins une bonne compensation... Depuis, il y pense. Quand il se balade le soir avec Pie, il scrute l'horizon, mais ne cherche pas la silhouette de sa sœur, exceptionnellement.
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Et puis, un jour, ses efforts sont récompensés, alors qu'il s'apprête à aller chercher les moutons envoyés paître un peu plus loin. Il avance à pied tranquillement en s'appuyant sur son bâton de marche, quand il reconnait plus loin sur le sentier l'uniforme de cette "bande de petits voleurs".
— Hééé ! Un cri perçant, aussi fort que sa petite cage thoracique lui permet.
Tu nous dois des rubis, toi ! Viens par ici !Non, Pelote ne pense pas au fait qu'interpeller quelqu'un lui donnera juste envie de fuir. Oui, Pelote pense vraiment que le vilain voleur de l'AAA va s'arrêter.